Tohu & Bohu
"Il ne sert à rien de parler d'autorité si on n'est pas soi-même irréprochable", Francois Fillon. Quand on veut faire la course en tête et qu'on fait la morale (catholique) à tout le monde et que l'on se présente comme un parangon de probité, vaut mieux être irréprochable soi-même. Si ce n'est pas le cas, on ne marche que sur une jambe. C'est apparemment aujourd'hui le cas de François Fillon. "Le Canard Enchaîné", de ce mercredi, révèle que son épouse, Pénélope, a été engagée par son Ulysse de mari, lorsqu'il était député, comme assistante parlementaire pendant de très nombreuses années et aurait touché pour cette fonction honorable, je l'ai été moi-même, une indemnité de 500.000 euros. Elle touchait 9000 euros bruts par mois. Jusque là, pas (trop) de problème, si ce n'est le népotisme de l'affaire. Oui, mais, personne à l'Assemblée nationale ne peut témoigner de sa présence dans l'hémicycle, dans ses couloirs et ses bureaux. Lorsque François Fillon est devenu le "collaborateur" de Nicolas Sarkozy, Pénélope a continué à bénéficier des largesses parlementaires, en étant recrutée ensuite par le suppléant du premier ministre. L'hebdomadaire satirique, toujours bien informé, révèle encore que la même Pénélope aurait touché un salaire de 5000 euros par mois, en tout, pour 100.000 euros, comme "conseillère de publication", à la très catholique "Revue des deux mondes". Pourquoi pas ? Seulement voilà, le propre directeur de cette revue déclare, à part, en deux années, deux notes de lecture assumées par l'épouse du châtelain de la Sarthe, qu'il n'a jamais ni reçu et ni lu de la part de l'intéressée, c'est le mot, la moindre autre publication ... Christine Kelly, la propre biographe de Francois Fillon, dit ne jamais avoir été au courant des supposées fonctions parlementaires de Pénélope Fillon. Elle dit aussi maintenant qu'elle est menacée à cause de son témoignage. Il faut bien avouer que tout cela ressemble à s'y méprendre à des emplois fictifs, l'un sur le compte des deniers de l'Etat, l'autre sur celui d'amis qui siègent au conseil d'administration d'une revue, fût-elle prestigieuse. Et devinez qui fait la Une ce mois-ci de "La revue des deux mondes" ? François Fillon, bien sûr, pour parler certainement de son appétit légitime pour le pouvoir, mais pas, à coup sûr, pour évoquer cet obscur objet du désir qu'est l'argent. Dans le monde de la bourgeoisie catholique, de province et d'ailleurs, à l'image du discret François Fillon et de ses zones d'ombre - taiseux, par exemple, sur son cabinet d'affaires, Gossement Avocats - il est déplacé et vulgaire de parler argent, encore moins de le montrer. Le château de Beaucé, acheté en 1984, que le candidat de la droite préfère appeler manoir, voire maison, je n'invente rien, affiché complaisamment dans "Paris Match", est sans doute une erreur de casting.
En quelques lignes, ses principales déclarations ...
Le service public
"Je supprimerai 500.000 postes de fonctionnaires." Où ? Chez les enseignants, dans les hôpitaux, les policiers, les militaires ? Il se garde bien de répondre, tant il sait que cette proposition est une véritable bombe sociale ...
Les soins dé santé
"Les petits soins ne seront plus remboursés." Il s'agit là d'une tentative inavouée de privatiser une partie de la sécurité sociale au profit des compagnies d'assurance et des mutuelles. Les personnes au revenu faible apprécieront ...
La politique étrangère
"Vladimir Poutine est un ami de longue date. Il serait absurde de le combattre." Entendez de lui tenir tête et de lui opposer un quelconque rapport de force. Les crimes de guerre en Syrie du nouveau Tsar, pertes et profits ...
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