Perspectives & Prospectives
Le discours politique officiel sur l'enseignement cadre rarement avec la réalité de terrain dans les écoles. En France comme en Fédération Wallonie-Bruxelles, l'école publique est malade. Le taux d'échecs scolaires n'a d'égal que le déclassement international relevé, d'année en année, dans les études PISA. La tentation est grande de généraliser le laxisme afin de remonter artificiellement dans ces classements. Au bout du compte, les enfants et adolescents des milieux les plus précaires paient la note.
La gauche réformiste s’est livrée pieds et poings à la vision gauchiste post-soixantehuitarde de l’éducation. Nous avons été, et le sommes encore, malheureusement, sous le joug d’une caste de chercheurs davantage idéologues que pédagogues. Ils produisent à profusion études et rapports théoriques savants, le plus souvent accompagnés d’une concertation bidon sur le terrain, ce qui entraîne une avalanche de réformes empilées les unes sur les autres, sans explication et formation crédibles, et débrouillez-vous comme ça. A l’arrivée, c’est-à-dire dans les classes, c’est l’improvisation, voire la désorganisation complète. Le résultat est qu’ils ont diabolisé les savoirs. Ils en ont convaincu une classe politique inculte pédagogiquement et complice politiquement, sans repères réels en la matière, éradiquant ces savoirs de la transmission, au profit de compétences désarticulées et bureaucratiques, qui partent dans tous les sens, et désormais sans racines … Les savoirs ne sont-ils pas l’amont indispensable aux compétences situées en aval des apprentissages ? Pour ne prendre qu’un simple exemple, comment acquérir les compétences de la lecture et de l’écriture sans l’appropriation, donc le savoir, des phonèmes, des graphèmes et des lettres ? Désormais, la dictée comme le vocabulaire sont proscrits, eh oui, comme l’histoire chronologique et les grands personnages sont bannis. Allez traiter de la résistance française sans parler de Jean Moulin ? Devant la catastrophe d’étudiants qui débarquent à l’université et dans les Hautes Ecoles sans maîtrise de la grammaire et de l’orthographe, les professeurs sont unanimes sur ce constat, en désespoir de cause, l’UCL vient de lancer un programme en ligne de dictées. Ça ne s’invente pas. Là où la culture, les livres et l’ouverture sur le monde sont présents, l’élève et l’étudiant pourront toujours s’en sortir grâce à cet environnement familial « privilégié ». Là où il n’y a rien ou presque, pas même une remédiation encadrée et gratuite digne de ce nom, l’échec est souvent au bout d’une scolarité désastreuse. On marche sur la tête. Cela n’est-il pas choquant de voir ainsi les dogmes égalitaristes sacrifier la valeur d’égalité ? Pour remonter dans les classements internationaux, les responsables de la Fédération Wallonie-Bruxelles exercent une énorme pression sur les chefs d’établissements et les profs, par toute une série de nouvelles dispositions laxistes, afin qu’ils baissent les exigences des objectifs et des résultats des élèves. Ils passent donc d’une année à l’autre, soit obligatoirement, soit au terme d’évaluations d’épreuves biaisées. Arrivés dans l’enseignement supérieur, sans articulation avec le secondaire, comme si l’un était totalement étranger à l’autre, pour un très grand nombre, ils sont balayés comme des fétus de paille. Il est grand temps pour la gauche social-démocrate de se ressaisir, d’ouvrir les yeux, sans déni du réel, et d’enfin proposer, non pas un retour en arrière, ce serait absurde, mais un projet éducatif exigeant et ambitieux pour tous.
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